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Gilets jaunes : le temps du dialogue est arrivé

Dernière mise à jour : 3 avr. 2020

 Je suis issu de la génération X, dite « des Xennials » : celle qui a fait l’expérience d’une enfance avant internet, tandis que sa vie d’adulte en est complètement imprégnée. Une adolescence libre de tout souci lié aux réseaux sociaux ou aux technologies. Élevé dans cette époque que l’on qualifierait aujourd’hui d’impossible, j’ai le sentiment de m’être éveillé pleinement au monde, avec confort. Je suis néanmoins un enfant de la crise, né avec le chômage, le déficit public, l’accroissement des inégalités, les territoires oubliés. J’ai aussi vu émerger le terrorisme de masse et l’insécurité du quotidien, accompagnés par d’innombrables scandales touchant des « élites ». 


En somme, j’ai vu arriver la mondialisation et ses conséquences.

Présumée un progrès, elle s’est révélée être une machine à susciter des rêves irréalisables pour une majorité de nos concitoyens. Entraînant avec elle injustices et fractures, elle a attisé, petit-à-petit, les frustrations, jusqu’à l’embrasement que l’on connaît aujourd’hui. 

Oui, la mondialisation et ses excès ont provoqué le mouvement des « Gilets Jaunes ». 

     

En novembre 2018, 70% de l’opinion soutenait les revendications des « Gilets jaunes » ; aujourd’hui une part croissante des Français souhaite leur « cessez-le-feu ». Preuve qu’il est temps de faire évoluer le mouvement des ronds-points : sa crédibilité incontestable, l’heure est désormais à son organisation et à son introduction sérieuse et officielle dans le débat. 


Au delà du crédit que l’opinion leur accorderait par cette accalmie, elle débarrasserait définitivement le mouvement originel de toute confusion : les casseurs, les pillards et les boxeurs sur le retour révèlent à tord que son souhait n'est pas tant la réforme sociale que l'installation de l’anarchie. La violence n’impose rien, elle saccage les revendications sincères et légitimes. 

Enfin, cette éclaircie restituerait son identité au mouvement initial ; les récupérations politiques liées à ce moment de l’Histoire sont parfaitement insupportables. Élever la défiance en dogme au contact des « Gilets jaunes », c’est une politique et elle a un nom : la démagogie. 


2019 doit être l’année du retour au dialogue avec les citoyens qui ne se sentent pas représentés. Par la même, il faudra s’interroger sur les vertus du système français et se pencher sur de nouvelles méthodes pour le financer. S’il est légitime que le peuple réclame un vocabulaire moins vertical de la part Gouvernement, il est indispensable qu’ils accueillent la construction d’un discours commun. 

     

À l’échelle d’Ajaccio et de l’intercommunalité, je me propose d’initier la grande démarche de consultation du Gouvernement et d’aller au-delà. Je souhaite plus que jamais être le témoin de ce que j’entends auprès des plus hautes instances du pays. Entendu que si les requêtes sont de mes compétences, je serais en mesure d’y répondre directement, à l’image de ce que je fais au quotidien en tant que maire. 

     

Je félicite les « Gilets jaunes » ajacciens d’avoir contenu les excès de violences dont le Continent n’est pas épargné ; leur action n’en est que plus sincère et solide à mes yeux. À ceux qui s’interrogent sur mon silence à leur endroit, je réponds que je ne suis pas de ceux qui récupèrent les grands débats à leur compte, dans l’immédiateté d’une publication Twitter. Je viens quand j’ai de solides réponses à apporter, pas quand le #GiletsJaunes est en top tweet du feed France. 


Il faut donc désormais se réarmer sur le plan des idées : la société civile va se saisir de la politique car elle refuse désormais l’attitude inverse. Plus que jamais, les Français s’engagent dans des associations, sont à l’initiative pour le climat, dans un contexte difficile pour les démocraties européennes. Les poussées populistes couvrent et violent trop souvent les cris de colère totalement justifiés. 


À nous d’épouser notre époque avec d’autres fondements : replacer le citoyen au cœur du débat, l’amener à agir pour sa ville, son pays, inventer d’autres modes de production et de consommation, considérer l’animal et le vivant… 


J’ai récemment reçu avec beaucoup d’attention l’intersyndicale des retraités à Ajaccio, avec laquelle j’ai eu un échange très constructif. De la même manière, je veux rencontrer les « Gilets jaunes » ajacciens en ce mois de janvier. 

Le temps du dialogue est arrivé.

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