1. Permettre un meilleur accès au logement social et très social ?
La problématique du logement est une préoccupation de près de 69% des personnes qui s’adressent aux services sociaux. Il s’agit souvent d’une demande d’accès à un logement social, mais également pour répondre aux difficultés à se maintenir dans un logement, que cela soit dû à des problèmes d’insalubrité ou d’incapacité à régler l’ensemble des charges afférentes.
- Sur le besoin en logement sociaux :
La CAPA a initié plusieurs programmes locaux de l’habitat (PLH) afin de quantifier le besoin de production nécessaire pour atteindre les objectifs de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU, qui a porté à 25% le taux de logements locatifs sociaux à atteindre en 2025).
Les actions phares de 2020-2026 :
• Accompagner la réalisation d’au moins 500 logements sociaux. La CAPA, la Villed’Ajaccio et l’office foncier ont signé une convention cadre afin d’acquérir des terrains et immeubles bâtis, en vue d’y réaliser des logements accessibles aux ménages les plus modestes. Dans ce cadre, ont déjà été acquis un immeuble rue Frediani et les anciens locaux de la chambre d’agriculture, avenue Noël Fanchini.
• Poursuivre une politique volontariste en faveur du développement de l’offre de logement social : 6,2 M€ de subventions ont été octroyés aux bailleurs sociaux pour la réalisation de plus de 1500 logements.
• Mettre l’accent sur la réhabilitation du parc de logements existants au sein de l’Office. Public de l’Habitat plutôt que sur la production neuve. C’est près de 12M € qui seront investis entre 2020 et 2022, pour 376 logements.
- Sur l’accompagnement et les actions pour faciliter l’accès et le maintien dans le logement social :
Permettre un meilleur accès au logement, c’est aussi accompagner les demandeurs dans leurs démarches et dans le dépôt de leur demande. C’est ce que réalise déjà le CIAS auprès des publics les plus fragiles. Cette mission sera renforcée avec la création dans les prochains mois d’un guichet unique. Le CIAS sera habilité à traiter et recevoir les premières demandes mais également les renouvellements.
Par ailleurs, et au-delà de la demande de logement, le CIAS intervient dans la mise en œuvre d’un accompagnement plus global, afin de sécuriser l’accès et le maintien dans le logement.
Cet accompagnement peut prendre plusieurs formes (aides aux paiements de factures, montage de dossiers pour la réfection de logement ou pour l’adaptation de logements au handicap ou au vieillissement des occupants…etc.).
Enfin, nous avons investi, avec le soutien de fonds européens, dans la réfection de logements, afin de créer de l’hébergement temporaire et/ou d’urgence.
2- Rendre plus supportable les conditions des personnes, de plus en plus nombreuses, vivant sans domicile fixe (toilettes et douches publiques, give box, accroissement des places d'hébergement, consignes pour leurs bagages ...)
La procédure de domiciliation du CIAS permet aux personnes sans domicile stable (qui ne disposent pas d’une adresse leur permettant d’y recevoir et de consulter leur courrier) d’avoir une adresse administrative pour faire valoir leurs droits civils, civiques et sociaux. En parallèle, le CIAS propose également un accompagnement social dispensé par un travailleur social et une aide aux démarches administratives (instruction de dossiers de RSA, CMU,…etc). Une aide matérielle et/ou financière peut également être attribuée pour soutenir ce public parmi les plus précaires et fragiles.
D’autres actions sont en cours de réalisation comme :
• l’installation de nouvelles « give-box », sur le modèle de celle déjà présente sur le cours Napoléon,
• un projet porté par La Fraternité du partage est à l’étude : la Ville d’Ajaccio a été sollicitée pour la mise à disposition d’un terrain qui permettrait la création d’une maison relais,
• un autre projet d’hébergement temporaire était prévu et porté par la Ville d’Ajaccio dans
• les locaux du foyer Notre-Dame : suite au refus de la Collectivité de Corse de partager les locaux, le projet n’a malheureusement pas pu aboutir,
• la participation financière de la Ville et de la CAPA au fonctionnement du centre d’hébergement d’urgence.
3. Améliorer la mobilité, proposeriez-vous, notamment, la gratuité des transports en commun ?
Une étude réalisée par le laboratoire de la mobilité inclusive en 2018 dresse l’état des lieux suivant :
• 65% des français considèrent que pouvoir se déplacer est indispensable pour la qualité de vie quotidienne ;
• Faute de mobilité, les français ont renoncé pour 41% d’entre eux à un loisir ou une sortie culturelle, 36% à faire des démarches administratives, 30% à se rendre à un RDV médical, 26% à faire des courses alimentaires ;
• Pour améliorer la mobilité les français souhaitent : à 53% un coût de transport moins cher ; à 35% un réseau de transport en commun mieux adapté, à 20% un véhicule ou un véhicule supplémentaire ; à 13% le permis de conduire.
Le laboratoire conclue que :
• Quelques soient leur âge, leur lieu de résidence, « l’enquête relève que la mobilité est un sujet universel, puisque tous les Français, et pas seulement les plus fragiles, se sentent concernés ». Par ailleurs, la mobilité est un révélateur des fragilités et un accélérateur de l’isolement social.
• Par conséquent l’accompagnement des plus vulnérables est indispensable pour favoriser l’émancipation individuelle, l’inclusion sociale et professionnelle.
Sur le territoire du pays Ajaccien :
Nous avons pu constater que 60% des problématiques rencontrées par le public que nous recevons concernent la mobilité (la thématique arrive juste après la problématique du logement). Ce constat est conforté et partagé par nos partenaires. En effet, dans le cadre de notre projet social et des ateliers collectifs d’analyse partagée que nous avons mis en oeuvre
La problématique de la mobilité et de l’accès des publics aux droits et aux services de la vie quotidienne a été unanimement observée par nos partenaires. L’ensemble de ces éléments nous a conduit à positionner ce sujet au coeur de notre stratégie d’intervention. Concrètement, le CIAS met déjà en oeuvre plusieurs services et aides en faveur de l’ensemble de nos publics et prévoit de poursuivre cette dynamique :
• Le transport à la demande pour les séniors, véritable levier de lutte contre l’isolement des personnes âgées est opérationnel depuis 2016 ;
• L’attribution de ticket de bus pour les personnes bénéficiant de la domiciliation du CIAS (SDF, grande précarité…) est en fonctionnement ;
• Très prochainement, nous mettrons en place les « tickets carburant » pour diminuer le coût du transport ;
• Et enfin l’ouverture d’un service de location sociale de véhicule est un véritable levier d’insertion professionnelle et sociale. Ce dispositif entièrement géré par le CIAS s’adresse aux demandeurs d’emploi, bénéficiaires des minima sociaux, jeunes de moins de 25 ans, salariés de l’insertion professionnelle, intérimaires, saisonniers, salariés RQTH et salariés rencontrant des difficultés financières. Le contrat de location est établi au mois, à la semaine ou à la journée et renouvelable jusqu’à 6 mois maximum et ne peut dépasser la durée du contrat de travail, d’apprentissage ou de formation.
La question de la mobilité, plus généralement :
Au-delà de la mobilité des personnes, il faut aussi envisager la mobilité ou l’itinérance de certains services. Le CIAS s’y emploie notamment grâce à des permanences délocalisées ou la mise en oeuvre de dispositifs tels que la boutique-puériculture sur plusieurs points d’appui (4 au total), situés dans les différents quartiers de la ville. Il faut également mentionner les différents centres sociaux et maisons de services aux publics qui doivent permettre de rapprocher les personnes et les services. Des lieux non-stigmatisant, multi-partenarial, intergénérationnels, créateurs de lien social et supports pour des actions associatives, institutionnelles et citoyennes.
4. Réduire le renoncement aux soins ?
Même si l’on peut constater une diminution du non recours aux soins depuis 2013 sur le territoire de la CAPA, l’accès aux soins, notamment pour les personnes plus précaires, reste un sujet préoccupant.
Ainsi, nous pouvons relever que près de 5 % des assurés sociaux n’ont effectué aucune démarche de soins au cours des 2 dernières années. Nous pouvons également constater, l’absence de protection complémentaire, qui accentue le risque du renoncement aux soins.
En effet, la complexité du système administratif et les procédures à mener pour l’ouverture de droits de bases (CMUC et ACS) peut conduire les publics les plus fragiles à renoncer aux démarches et par conséquent, à bénéficier d’une couverture sociale. La Ville, par le biais des services du CIAS et des maisons de quartiers et de services au public, propose une aide aux démarches administratives et un accompagnement dans la constitution de ces dossiers. Le CIAS a également contractualisé des partenariats avec des associations ou des entreprises privées pour faciliter l’accès aux soins (association INSEME, compagnie maritime…). Enfin, des réunions d’informations et des ateliers collectifs (notamment sur la prévention des risques liés au manque de soins) sont ouverts à tous.
5. Lutter contre le décrochage scolaire ?
6. Favoriser la formation et l'emploi des jeunes déscolarises ?
Lutte contre le décrochage scolaire :
La lutte contre le décrochage scolaire s’est développée depuis 2014 avec la mise en place du plan d’action interministériel « tous mobilisés pour vaincre le décrochage scolaire ». Elle constitue l’une des mesures phares de la stratégie de lutte contre la pauvreté mise en place en 2018. Le premier plan a renforcé les outils existants de lutte contre le décrochage, avec la mise en place des réseaux « Formation Qualification Emploi » (FOQUALE, des plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs), du site internet « reviensteformer », du service public régional d’orientation (SPRO) et du parcours aménagé de formation initiale… La stratégie pauvreté souhaite quant à elle renforcer le signalement et le repérage des décrocheurs et pose l’obligation de proposer une solution de scolarisation de formation ou un parcours d’accompagnement vers l’emploi.
Véritable enjeu de cohésion sociale, la lutte contre le décrochage scolaire permet d’agir sur :
• l’estime de soi de jeunes, qui peuvent se dévaloriser au regard de leur situation ;
• la situation socioprofessionnelle de ces jeunes qui, sans diplôme, ont un risque plus élevé de se retrouver au chômage ou dans un emploi précaire.
Sur le territoire de la CAPA, près d’un jeune sur dix (âgé entre 15 et 24 ans) en 2015 est non scolarisé et peu ou pas diplômé (soit 750 jeunes), c'est-à-dire en situation potentielle de décrochage. 5 ans auparavant, 1120 jeunes étaient dans cette situation.
Cette diminution peut s’expliquer par la mise en place et le développement de la mission de la lutte contre le décrochage scolaire en Corse, de la PSAD de Corse du sud et du travail important réalisé par la Mission locale d’Ajaccio. Toutefois, les dispositifs existants pour les jeunes en situation de décrochage scolaire demeurent plutôt méconnus par les familles. Afin de lutter contre ce phénomène, il faut, au préalable, élaborer une campagne de communication efficace afin de :
• Favoriser la présence physique de partenaires au plus près de ce public, en développant, par exemple, des partenariats avec les clubs sportifs ;
• Développer un partenariat indispensable avec l’Education nationale, afin de conduire des actions d’informations dans les établissements et d’agir de manière préventive ;
• Mener des actions en direction des parents qui éprouvent des difficultés dans l’orientation de leurs enfants.
Pour mener à bien ces différentes actions, il est nécessaire de mettre en place une campagne d’information élargie, en s’appuyant sur des éléments de communications intelligibles et complètes, ainsi que sur des acteurs-relais au plus près des jeunes et de leur famille.
Accompagnement des jeunes vers l’insertion professionnelle
Les acteurs sociaux qui interviennent au plus près de ce public ont fait état de leurs difficultés dans l’accompagnement des jeunes vers l’emploi.
Deux niveaux de difficultés ont été relevés :
• Un manque de dispositifs, en amont de l’accompagnement à l’insertion professionnelle. En effet, les jeunes peuvent avoir du mal à se projeter et à formuler une demande. Il est également difficile pour les acteurs qui les accompagnent de connaître leur motivation réelle et leurs capacités. Pour ces jeunes, l’accompagnement vers l’emploi peut échouer et être source de démotivation, voire d’abandon ;
• La segmentation de l’accompagnement les difficultés d’accès à l’emploi ou à une formation peuvent relever de freins périphériques (santé, logements, famille, mobilité…) qui s’ils ne sont pas pris en compte et levés empêchent l’aboutissement de l’accompagnement mis en place.
Nous proposons donc :
• De développer des actions transitoires pour les décrocheurs, en amont des dispositifs d’insertion professionnelle. Par exemple, la mise en oeuvre de « Coopératives jeunesse de services », dans lesquelles des jeunes s’initient à la gestion d’une entreprise démocratique, développent leur esprit d’initiative et prennent conscience de leurs capacités d’agir, le temps d’un été, via la proposition d’une offre de services (entretien paysager, lavage de voiture, garde d’enfants, etc.). Les coopérants nouent un contact avec la population et les entreprises locales. Au-delà de l’engagement, ces dispositifs apportent une expérience aux jeunes, une occasion de se tester et peuvent aboutir à la construction d’un projet ;
• De développer des actions citoyennes en impliquant les jeunes dans leur mise en place. Compte tenu des difficultés constatées par les partenaires pour sensibiliser les jeunes, il est nécessaire d’aller à leur rencontre pour mieux cerner leurs centres d’intérêts et leurs envies. Pour ce faire, le prérequis est de trouver des actions qui suscitent la participation et l’adhésion des jeunes ;
• S’appuyer sur des événements locaux existants, tel que le « Marché des jeunes » (MDJ), pour diffuser une enquête sur leurs attentes, promouvoir leur participation à des projets futurs et recueillir des contacts. Ainsi, au cours du dernier MDJ en novembre 2019, nous avons lancé la création du « Conseil citoyen jeunesse » ;
• Créer des événements annuels, autour de sports innovants, élaborés et animés par des jeunes, pour favoriser la convivialité, le lien social et intergénérationnel, la confiance et l’estime de soi, le respect, l’échange, ou encore un « inter-quartiers », avec les différentes associations et centres sociaux impliquant les jeunes de chaque quartier de la Ville ;
• Élargir les partenariats (clubs sportifs, associations citoyennes, écoles…) et définir un plan d’action commun ;
• Promouvoir les dispositifs permettant d’acquérir de l’expérience et des compétences (le Service civique par exemple) ;
• Favoriser les chantiers éducatifs.
7. Vous inscrire dans le dispositif « Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée" ?
En ce qui concerne le contexte local, quelques réunions sur le sujet ont été organisées par la Collectivité de Corse. Il n'existe, pour l’heure, aucune visibilité sur un quelconque financement aux porteurs de projets locaux par la Collectivité de Corse, ni même sur une mobilisation prioritaire de leur politique de droit commun (formation, etc…).
L’objectif du dispositif est soit de créer une structure associative ou coopérative, soit d'identifier une structure existante qui pourrait porter le dispositif. Cette Entreprise à But d'Emploi (EBE) emploie des chômeurs de longue durée volontaires en CDI, payés au SMIC, pour qu'ils réalisent des activités non-concurrentielles et d'utilité sociale répondant aux besoins endogènes du territoire. La LOI n° 2016-231 du 29 février 2016 d'expérimentation territoriale, visant à résorber le chômage de longue durée, a permis la création d'un fonds national qui assure la prise en charge des salaires bruts des demandeurs d’emplois longue durée embauchés dans ce cadre.
Lorsque nous interrogeons les acteurs du service public de l'emploi d'Ajaccio, ils ne semblent pas particulièrement convaincus par la pertinence de ce dispositif. Pour autant, la question de l'emploi local reste prégnante, d'autant que nous n'avons plus de dispositif d'animation, notamment sur l'insertion. Néanmoins, nous bénéficions d'un tissu d'acteurs de l'ESS dynamique, mais en grande difficulté financière. Nous préconisons de consolider l'existant avant d'imaginer de nouvelles réponses.
8. Limiter la déshumanisation des démarches administratives ?
Nous avons créé le « CIAS », véritable outil opérationnel capable d’agir au plus près des populations. Il s’agit d’une structure au service de tous, qui accueille, informe, oriente et accompagne pour favoriser le lien social, renforcer les solidarités et assurer l’accès aux droits.
Nous agissons sur tous les fronts, de la situation d’urgence à la prévention, parce que l’action sociale n’est pas seulement réparatrice et curative :
Les services du CIAS sont accessibles sans RDV, en continu de 8H à 17H du lundi au vendredi. L’accueil téléphonique est toujours assuré par des agents (et non un standard automatisé) formés et en capacité d’orienter et d’informer les usagers. Nous avons plus de 95 000 contacts /an ;
• Notre accompagnement des publics les plus fragiles est personnalisé ;
• Nous simplifions les démarches pour accéder aux aides et services du CIAS (ex : dossier unique pour les activités séniors) ;
• D’ici 2023, nous bénéficierons de nouveaux locaux entièrement dédiés à l’accueil et différents publics, avec des espaces adaptés et conçus pour favoriser l'accessibilité, la visibilité, pour optimiser les conditions d'accueil, compléter et renforcer les services rendus à la population.
Enfin, il faut saluer le travail colossal effectué au quotidien par les centres sociaux, le guichet unique, les services de l’enfance et de la petite enfance etc… la Ville et la CAPA sont des acteurs majeurs de la l’action sociale sous toutes ses formes.
9. Favoriser l'accueil de familles de migrants ?
Il s'agit d'abord d'un problème européen. À l'heure où l'Union Européenne est toujours plus confrontée à l’afflux de réfugiés, il faut organiser l'accueil des migrants et faire preuve d'humanité, mais il faut aussi éviter aux riverains d'avoir à subir des campements sauvages.
La question de l’accueil et de l’accompagnement des populations migrantes est au coeur de l’actualité. Or, si la question des mineurs non accompagnés occupe une place de premier plan, celle des familles, notamment avec de jeunes enfants, est peu prise en considération.
À ce jour, Ajaccio n’est pas un point d’entrée direct des familles de migrants. En revanche, les dispositifs « Français Langue Étrangère » (FLE) fonctionne à travers les établissements scolaires. À ce titre, l’Office Intercommunal du Tourisme a récemment participé à la découverte de notre ville pour les enfants issus de ces structures afin de les aider à s'intégrer.
Nous prônons la nécessité de construire des articulations plus étroites entre les secteurs de la petite enfance et de l’accueil des migrants. L’objectif est d’offrir des conditions de vie dignes à ces familles, de veiller à leur bonne orientation administrative et favoriser leur insertion.
10. Mieux coordonner les différentes politiques de lutte contre la pauvreté (État, Collectivité, intercommunalité) ?
La notion de précarité est protéiforme et relève de domaines nombreux : monde du travail, santé, logement, conditions de vie…. L’action du CIAS en direction des publics précaires revêt donc un enjeu important pour éviter que la précarité à laquelle les personnes sont exposées ne les fasse basculer dans une situation de pauvreté.
Au-delà de l’intervention et des actions de la Ville d’Ajaccio, c’est l’ensemble des acteurs dans le champ de l'action publique, qu’ils soient institutionnels ou associatifs, qui ont un rôle à jouer dans la prévention et le soutien aux publics fragiles. Souvent, la multiplicité des acteurs, actions, dispositifs et territoires d’interventions participe à rendre difficile et complexe la connaissance de l’existant en matière d’aide. Il y a donc un intérêt majeur à partager les informations entre acteurs et à coordonner nos interventions pour :
• Éviter les zones non-couvertes (aussi bien concernant les publics que les territoires) ;
• Écarter le risque de déperditions de moyens et de ressources (dans une logique d’optimisation) ;
• Veiller à la bonne articulation des politiques et des actions menées (pour éviter la mise e concurrence des actions et/ou des publics) et répondre à l’ensemble des besoins ;
• Agir au plus près des besoins (dans une logique d’efficacité).
Ce constat, nous l’avons fait dès notre arrivé aux responsabilités. Nous étions convaincus qu’il fallait travailler sur la transversalité de toutes nos politiques publiques, instaurer un rapport de confiance avec les partenaires institutionnels, associatifs et nos administrés. Nous avons donc fait le choix de la méthode, de la concertation et de la coopération, en initiant plusieurs chantiers tous intrinsèquement liés. Nous avons initié plusieurs démarches, en sollicitant et en invitant la Collectivité de Corse et les services de l’État à la coopération institutionnelle. Il s’agissait de donner un cadre formel concerté à toutes nos interventions. Ces appels ont enfin été entendus, des réunions de travail entre nos différents services sont en cours.
La formalisation de conventions cadres pluriannuelles doit permettre de s’accorder sur :
• La création d’instances, de méthodes, d’outils ;
• La coordination des acteurs et des actions ;
• La co-construction et la co-contribution.
Par ailleurs, il nous semble indispensable de lier cette question à celle plus globale de la coordination de l’ensemble des acteurs, du développement des partenariats et du partage d’informations et d’expériences. En effet, une problématique centrale est apparue lors des échanges avec nos partenaires : le manque de connaissance réciproque et partagée concernant ce qui est mis en oeuvre par les différents acteurs du territoire. Ce constat nous conduit à proposer la mise en place d’une cellule de veille et d’échanges, qui serait composée de l’ensemble des acteurs locaux du champ social et qui pourrait jouer le rôle de relais d’information sur les actions existantes et sur les dynamiques observées. Les relations entre partenaires seraient facilitées, les participants jouant le rôle de point d'entrée vers leur institution/association. La cellule incarnerait un lieu privilégié pour le partage d’informations, de supports, de constats et suggestions, constituant ainsi une veille sociale partagée. Enfin, pour renforcer le maillage territorial des relais de l’action sociale, la cellule pourrait apporter son soutien à des acteurs (associations ou personnes identifiées par les publics) participant à l’animation de la vie locale et à la création de lien social.
Dans la perspective d’une meilleure lisibilité et complémentarité des actions mises en oeuvre, plusieurs axes de travail sont possibles :
• L’identification des acteurs en présence : dans le prolongement de la publication par la CLE d’un annuaire des acteurs sociaux à Ajaccio, la cellule pourrait contribuer à cette démarche et veiller à sa mise à jour régulière ;
• La construction d’une connaissance partagée : la cellule incarnerait un lieu privilégié pour le partage d’informations, de supports, de constats et suggestions, constituant ainsi une veille sociale partagée ;
• Le suivi de projets et de stratégies : dans le cadre de démarches globales ou transversales, la cellule pourrait assurer le relais des informations auprès de l’ensemble des acteurs mais également faire remonter des constats, besoins ou enjeux aux instances décisionnaires.
Quelques exemples d’actions spécifiques que pourraient porter la cellule :
• Rencontres biannuelles entre partenaires, thématisées au regard de l’actualité, des besoins des acteurs et bénéficiaires ;
• Un espace dédié sur le futur site internet du CIAS, avec la mise à disposition d’informations et documentations, rubrique agendas, fiches expériences etc. ;
• Des journées de formations spécifiques pour les acteurs de la vie locale ;
• L’organisation de réunions collectives, prévoyant la participation des citoyens afin de recenser les besoins, de collecter les avis…
Pour conclure, nous avons engagé une démarche active et d’ores et déjà développé de nombreux partenariats, notamment avec le monde associatif, des organismes institutionnels et de santé, des mutuelles…, des clubs sportifs, mais également avec les opérateurs de la sphère privée économique, entreprises, commerçants, producteurs locaux, sociétés de transport, enseignes de l’alimentaire et du sport. En effet, il nous semble essentiel de rassembler le plus largement possible et de mobiliser l’ensemble des forces-vives pour arriver à construire des stratégies qui pourront impacter durablement et efficacement notre territoire.
11. Mieux intégrer les personnes vivant en situation de pauvreté́ dans la conception, la mise en oeuvre et l'évaluation des mesures qui les concernent le plus ?
Le CIAS souhaite renforcer la place des habitants du pays ajaccien pour leur donner la parole, faire émerger des projets et les associer aux décisions.
Il a créé deux Conseils Consultatifs : celui des Jeunes de 15-25 ans (CCIJ) et celui des Retraités (CCIR), basés sur le volontariat. Le fonctionnement de ces conseils a été revu, afin de permettre un meilleur maillage du territoire et de favoriser le travail des jeunes et des retraités en binôme. Les membres se réuniront régulièrement en commissions thématiques (cadre de vie, accès aux loisirs, citoyenneté, etc.) et selon les besoins/projets, sous la coordination du CIAS.
Le rôle des conseillers est multiple :
• Faire remonter les besoins,
• Émettre des avis sur les actions mises en oeuvre ou les projets,
• Transmettre les informations et en recueillir,
• Être force de proposition,
• Être une véritable interface entre la population, le CIAS et les différents partenaires.
Enfin, la concertation citoyenne est également prévue dans le cadre de la cellule de veille et d’échange (cf question 10).
12. Aider les associations qui viennent en aide aux plus pauvres ?
Entre 2015 et 2019 c’est près de 4 millions d’euros de fonctionnement qui ont été injectés dans le tissu associatif, oeuvrant exclusivement au bénéfice des habitants des quartiers populaires. Cela représente en moyenne par an une trentaine d’associations qui portent environ 80 actions.
• 70% soit 2,4 millions d’euros pour la cohésion sociale, la réussite éducative des enfants des quartiers et le développement des pratiques sportives, artistiques et culturelles.
• 20% soit plus de 800 000 euros pour faciliter l’insertion sociale et professionnelle des jeunes, des personnes en difficulté et sans qualification.
• Enfin, 10 % soit près de 500 000 euros pour l’amélioration du cadre de vie et la citoyenneté avec la création des conseils citoyens et le développement de la participation citoyenne.
La Ville et la CAPA soutiennent également les centres d’hébergement d’urgence.
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