Réponse à la lettre ouverte de la "CLE, Coordination interassociative de Lutte contre l'Exclusion"
1. Permettre un meilleur accès au logement social et très social ?
La problématique du logement est une préoccupation de près de 69% des personnes qui s’adressent aux services sociaux. Il s’agit souvent d’une demande d’accès à un logement social, mais également pour répondre aux difficultés à se maintenir dans un logement, que cela soit dû à des problèmes d’insalubrité ou d’incapacité à régler l’ensemble des charges afférentes.
- Sur le besoin en logement sociaux :
La CAPA a initié plusieurs programmes locaux de l’habitat (PLH) afin de quantifier le besoin de production nécessaire pour atteindre les objectifs de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU, qui a porté à 25% le taux de logements locatifs sociaux à atteindre en 2025).
Les actions phares de 2020-2026 :
• Accompagner la réalisation d’au moins 500 logements sociaux. La CAPA, la Villed’Ajaccio et l’office foncier ont signé une convention cadre afin d’acquérir des terrains et immeubles bâtis, en vue d’y réaliser des logements accessibles aux ménages les plus modestes. Dans ce cadre, ont déjà été acquis un immeuble rue Frediani et les anciens locaux de la chambre d’agriculture, avenue Noël Fanchini.
• Poursuivre une politique volontariste en faveur du développement de l’offre de logement social : 6,2 M€ de subventions ont été octroyés aux bailleurs sociaux pour la réalisation de plus de 1500 logements.
• Mettre l’accent sur la réhabilitation du parc de logements existants au sein de l’Office. Public de l’Habitat plutôt que sur la production neuve. C’est près de 12M € qui seront investis entre 2020 et 2022, pour 376 logements.
- Sur l’accompagnement et les actions pour faciliter l’accès et le maintien dans le logement social :
Permettre un meilleur accès au logement, c’est aussi accompagner les demandeurs dans leurs démarches et dans le dépôt de leur demande. C’est ce que réalise déjà le CIAS auprès des publics les plus fragiles. Cette mission sera renforcée avec la création dans les prochains mois d’un guichet unique. Le CIAS sera habilité à traiter et recevoir les premières demandes mais également les renouvellements.
Par ailleurs, et au-delà de la demande de logement, le CIAS intervient dans la mise en œuvre d’un accompagnement plus global, afin de sécuriser l’accès et le maintien dans le logement.
Cet accompagnement peut prendre plusieurs formes (aides aux paiements de factures, montage de dossiers pour la réfection de logement ou pour l’adaptation de logements au handicap ou au vieillissement des occupants…etc.).
Enfin, nous avons investi, avec le soutien de fonds européens, dans la réfection de logements, afin de créer de l’hébergement temporaire et/ou d’urgence.
2- Rendre plus supportable les conditions des personnes, de plus en plus nombreuses, vivant sans domicile fixe (toilettes et douches publiques, give box, accroissement des places d'hébergement, consignes pour leurs bagages ...)
La procédure de domiciliation du CIAS permet aux personnes sans domicile stable (qui ne disposent pas d’une adresse leur permettant d’y recevoir et de consulter leur courrier) d’avoir une adresse administrative pour faire valoir leurs droits civils, civiques et sociaux. En parallèle, le CIAS propose également un accompagnement social dispensé par un travailleur social et une aide aux démarches administratives (instruction de dossiers de RSA, CMU,…etc). Une aide matérielle et/ou financière peut également être attribuée pour soutenir ce public parmi les plus précaires et fragiles.
D’autres actions sont en cours de réalisation comme :
• l’installation de nouvelles « give-box », sur le modèle de celle déjà présente sur le cours Napoléon,
• un projet porté par La Fraternité du partage est à l’étude : la Ville d’Ajaccio a été sollicitée pour la mise à disposition d’un terrain qui permettrait la création d’une maison relais,
• un autre projet d’hébergement temporaire était prévu et porté par la Ville d’Ajaccio dans
• les locaux du foyer Notre-Dame : suite au refus de la Collectivité de Corse de partager les locaux, le projet n’a malheureusement pas pu aboutir,
• la participation financière de la Ville et de la CAPA au fonctionnement du centre d’hébergement d’urgence.
3. Améliorer la mobilité, proposeriez-vous, notamment, la gratuité des transports en commun ?
Une étude réalisée par le laboratoire de la mobilité inclusive en 2018 dresse l’état des lieux suivant :
• 65% des français considèrent que pouvoir se déplacer est indispensable pour la qualité de vie quotidienne ;
• Faute de mobilité, les français ont renoncé pour 41% d’entre eux à un loisir ou une sortie culturelle, 36% à faire des démarches administratives, 30% à se rendre à un RDV médical, 26% à faire des courses alimentaires ;
• Pour améliorer la mobilité les français souhaitent : à 53% un coût de transport moins cher ; à 35% un réseau de transport en commun mieux adapté, à 20% un véhicule ou un véhicule supplémentaire ; à 13% le permis de conduire.
Le laboratoire conclue que :
• Quelques soient leur âge, leur lieu de résidence, « l’enquête relève que la mobilité est un sujet universel, puisque tous les Français, et pas seulement les plus fragiles, se sentent concernés ». Par ailleurs, la mobilité est un révélateur des fragilités et un accélérateur de l’isolement social.
• Par conséquent l’accompagnement des plus vulnérables est indispensable pour favoriser l’émancipation individuelle, l’inclusion sociale et professionnelle.
Sur le territoire du pays Ajaccien :
Nous avons pu constater que 60% des problématiques rencontrées par le public que nous recevons concernent la mobilité (la thématique arrive juste après la problématique du logement). Ce constat est conforté et partagé par nos partenaires. En effet, dans le cadre de notre projet social et des ateliers collectifs d’analyse partagée que nous avons mis en oeuvre
La problématique de la mobilité et de l’accès des publics aux droits et aux services de la vie quotidienne a été unanimement observée par nos partenaires. L’ensemble de ces éléments nous a conduit à positionner ce sujet au coeur de notre stratégie d’intervention. Concrètement, le CIAS met déjà en oeuvre plusieurs services et aides en faveur de l’ensemble de nos publics et prévoit de poursuivre cette dynamique :
• Le transport à la demande pour les séniors, véritable levier de lutte contre l’isolement des personnes âgées est opérationnel depuis 2016 ;
• L’attribution de ticket de bus pour les personnes bénéficiant de la domiciliation du CIAS (SDF, grande précarité…) est en fonctionnement ;
• Très prochainement, nous mettrons en place les « tickets carburant » pour diminuer le coût du transport ;
• Et enfin l’ouverture d’un service de location sociale de véhicule est un véritable levier d’insertion professionnelle et sociale. Ce dispositif entièrement géré par le CIAS s’adresse aux demandeurs d’emploi, bénéficiaires des minima sociaux, jeunes de moins de 25 ans, salariés de l’insertion professionnelle, intérimaires, saisonniers, salariés RQTH et salariés rencontrant des difficultés financières. Le contrat de location est établi au mois, à la semaine ou à la journée et renouvelable jusqu’à 6 mois maximum et ne peut dépasser la durée du contrat de travail, d’apprentissage ou de formation.
La question de la mobilité, plus généralement :
Au-delà de la mobilité des personnes, il faut aussi envisager la mobilité ou l’itinérance de certains services. Le CIAS s’y emploie notamment grâce à des permanences délocalisées ou la mise en oeuvre de dispositifs tels que la boutique-puériculture sur plusieurs points d’appui (4 au total), situés dans les différents quartiers de la ville. Il faut également mentionner les différents centres sociaux et maisons de services aux publics qui doivent permettre de rapprocher les personnes et les services. Des lieux non-stigmatisant, multi-partenarial, intergénérationnels, créateurs de lien social et supports pour des actions associatives, institutionnelles et citoyennes.
4. Réduire le renoncement aux soins ?